« La Nuit de l’erreur », Tahar Ben Jelloun

La Nuit de l’erreur est l’unique roman que j’ai lu de Tahar Ben Jelloun, un auteur pour qui j’ai une tendresse que je ne saurais expliquer. Ce qui est amusant avec ce roman c’est que je l’ai lu deux fois. La première fois, j’étais adolescente. Je ne me rappelais plus l’histoire pourtant le roman avait laissé une profonde empreinte dans mon esprit. Naguère, alors que je visitais la librairie d’un ami, je suis tombée sur La Nuit de l’erreur, très sagement rangé dans une caisse remplie de livres à prix libre. Je l’ai saisi avec enthousiasme puis je suis rentrée jalousement avec le livre, après avoir déposé mon obole.

Je ne peux pas dire que j’ai aimé ce roman tant la lecture fut laborieuse. C’est un roman polyphonique qui donne la parole à un si grand nombre de personnages qu’il est difficile de se les approprier. De plus, il n’y a pas de trame narrative clairement définie ce qui trouble le lecteur. On y trouve de nombreux récits enchâssés où la frontière entre ce qui est onirique et ce qui est réelle n’est presque jamais nette.  

Le roman narre l’histoire d’une femme, Zina, que nous suivons depuis sa tendre enfance jusqu’à l’âge mûre. Zina est une adolescente puis une femme d’une beauté et d’une sensualité redoutables. Elle charme les hommes au sens fort du terme, c’est-à-dire qu’elle exerce sur eux un véritable pouvoir et les dépossède de leur libre-arbitre. Sa plus grande force réside dans sa capacité à ne pas aimer, donc à ne pas être vulnérable. Zina est une femme mi-réelle et mi-légendaire, redoutée par les femmes et désirée par les maris qui en même temps la craignent. En effet, elle se plait à les humilier et à les mettre face à la médiocrité de leur vie.

Si je ne peux pas dire que j’ai aimé cette lecture, ce qui est certain c’est qu’elle ne m’a pas laissée indifférente. En relisant La Nuit de l’erreur, je me suis rendue compte qu’il avait fortement forgé mon imaginaire sexuel car le roman décrit des scènes érotiques explicites. Je trouve fascinant le pouvoir que la littérature peut avoir sur nos représentations du monde et plus fascinant encore de faire l’archéologie de notre imaginaire en relisant les livres de notre adolescence.

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