En général, je déteste les livres de développement personnel…

En général, je déteste les livres de développement personnel et le livre de Paul Arden « Vous pouvez être tout ce que vous voulez être » ne constitue pas une exception à ce constat. Seulement cette fois, j’ai décidé de tirer quelques lignes de tout ce que je lis ce qui implique évidemment de parler même de ce qui ne m’a pas plu.

Un livre-marchandise

Ce livre de Paul Arden est très visuel ce qui n’est pas étonnant puisque c’est un publicitaire.  Il y a un grand nombre d’illustrations pleine page en cohérence avec le propos. Bien que cela confère à l’objet livre une valeur esthétique, j’ai surtout eu l’impression de lire un album pour enfant avec très peu de texte et beaucoup de vent. De plus, le livre, son livre devient finalement une marchandise ce qui était certainement le projet de l’auteur. En tout cas, c’est un simple produit qu’il faut marketer à coup d’images bien choisies ce que je trouve scandaleux. Le terme est fort, certes, mais ce qui fait la valeur d’un livre (quand ce n’est pas une BD) c’est la qualité des idées transmises, la solidité des arguments et non la beauté des illustrations.

C’est le premier reproche qu’on peut faire à cette idée selon laquelle du moment où on enrobe un objet d’un peu de miel, personne ne s’intéressera à la valeur réelle de l’objet. Penser cela est une forme de mépris envers son public, l’auteur ne s’adresse pas à un public qui attend un contenu rigoureux. Pourtant, l’objet-livre a cela de particulier qu’il demande un certain temps pour être lu, le lecteur est plus attentif ; au contraire, un passant qui aperçoit une publicité ne la voit que quelques secondes, il ne peut donc pas être exigeant envers le fond et la forme.

Deux idées qui donnent matière à penser

Movere et errare aude (ose agir et te tromper)

Cependant, puisqu’il faut trouver du positif à toute situation, je tirerai de cette lecture deux idées qui sont d’un intérêt non négligeable. J’ai apprécié le statut réservé à l’erreur et à l’échec. Ce ne sont pas en général des choses valorisées en France même si, avec le frottement à des mœurs étrangères, on essaie peu à peu d’ébranler les mentalités. J’ai été sensible au fait que l’auteur encourage les gens à tester leurs idées, à être plus audacieux quitte à se tromper. L’échec et l’erreur font partie du processus d’apprentissage du moment où on est capable de les comprendre, de les analyser et d’en tirer des leçons pour mieux faire, pour progresser. On utilise souvent l’image de l’enfant qui fait ses premiers pas ; il ne marche pas du premier coup mais c’est à force de tomber et de se relever qu’il acquiert l’expérience de la marche. Si les parents de ce même enfant l’avaient humilié et réduit à ses premiers échecs, il n’aurait jamais été capable de marcher.

Pourtant, par moment, l’auteur présente cela de manière trop simpliste. Selon lui, le risque suprême quand notre idée se révèle être mauvaise est de perdre son emploi. J’ai trouvé cette facilité déconcertante, c’est comme si une grande majorité des personnes actives allaient principalement au travail pour être créatifs, pour le plaisir, pour se réaliser alors qu’on sait tous très bien qu’on travaille principalement pour avoir un revenu, un pouvoir d’achat, pour gagner son pain. Le livre aurait été plus intéressant si l’auteur s’était attaqué à cette crainte qui empêche les gens de tenter des choses puisqu’on est plus mû par notre besoin de sécurité que notre besoin de réalisation. Mais bon soit, faisons abstraction de cet aspect. Je pense tout de même que cela peut radicalement changer la vie d’une personne timorée de tenter de nouvelles choses.

On dit souvent que la fortune sourit aux audacieux, c’est-à-dire que plus on prend des risques, plus on tente de nouvelles choses, plus on a de chances de réussir. C’est une idée qu’il serait difficile de contredire ; je trouve cet optimisme galvanisant. Sans pour autant en faire une loi ou un mode de vie, c’est important de tenter une chose qui nous tient à cœur quitte à ne pas mener son projet à bien pour se prémunir ainsi contre tout remords.

Tout est publicité

L’autre point qui m’a interpellée me donne toujours matière à réflexion. J’ai pour l’instant une posture assez ambigüe quant à l’idée selon laquelle tout est publicité. Selon l’auteur, quoi qu’on en pense, à partir du moment où on est face à d’autres personnes, on adopte une posture, on cherche à se valoriser, à se vendre en taisant nos défauts et en amplifiant nos qualités. Idem quand on parle d’un produit, quand on défend un projet aussi anodin que savoir dans quel restaurant on va déjeuner. Il est logique, quand on a cette vision des choses de se valoriser de la manière la plus efficace possible, de faire son branding.

C’est une idée qui me gêne. Je n’aime pas cette marchandisation de l’être humain. De même qu’on évalue le service d’un prestataire, de même qu’on note si un repas est bon, de même on note les humains. Cela me révulse quand j’entends des personnes dire qu’il faut savoir se vendre ou encore qu’une personne est une arnaque en parlant souvent de femmes qui prennent tellement soin de leur apparence et de leur image qu’elles font croire qu’elles sont des personnes qu’elles ne sont pas en vérité. Je continue à croire profondément que l’être humain est sacré, que sa valeur intrinsèque va au-delà de sa valeur marchande. Je ne saurai pas dire ce que je mets derrière le terme sacré, c’est d’ailleurs le principe du sacré mais c’est un postulat dont je ne démords pas.

On ne devrait pas donner une valeur marchande aux humains pourtant force est de constater que Paul Arden n’est pas à côté de la plaque, loin de là. Je suis obligée de modérer mon jugement car il est vrai qu’on évalue la valeur des gens et ce au bout d’une vingtaine de secondes seulement. Il semble dès lors insensé de ne pas se demander comment on peut faire jouer cela en notre faveur.

Enfin, le temps est venu de conclure. C’est une lecture qui m’a agacée plus qu’autre chose, je n’étais clairement pas le public visé. A la question « pourquoi as-tu continué à le lire alors ? » je répondrais d’une part parce que je suis masochiste, d’autre part je ne l’ai pas acheté c’est lui qui s’est trouvé sur ma route, je n’ai fait que me baisser, le prendre et le lire et enfin, la dernière raison et pas des moindres est qu’on a vite lu le livre en moins de deux heures. Ce n’est pas un livre que je recommanderais sauf si bien sûr vous remplissez les trois critères donnés ci-dessus.

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